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Grégoire Damon est un poète habitant du quartier depuis longtemps. Il y fréquente tous les lieux de littérature et de poésie, les lieux où il se passe quelque chose. Toujours à 100 à l’heure, il n’en demeure pas moins que ses visites à la librairie sont l’occasion d’échanger sur ses dernières découvertes et ses dernières lectures. Grégoire est un habitué des scènes poétiques dans la ville et ses environs, grâce auxquelles il transmet une poésie très ancrée dans le monde populaire contemporain avec ses souffrances et ses absurdités. Une énergie et une rage qui ont donné lieu à des recueils pour la plupart publiés au Pédalo Ivre.

Quel n’est pas notre étonnement d’apprendre au début de l’année 2018 que Grégoire Damon écrit… un roman ! Fast-food ça s’appelle et on sent qu’il est inquiet de l’écho de sa parution. Il faut dire que le manuscrit n’est pas tombé dans les mains de n’importe qui. Depuis 2011, les deux éditrices Sophie Bogaert et Eva Dolowski ont créé une collection particulière chez Buchet-Chastel. « Qui vive » propose un travail éditorial autour de jeunes romancier(e)s et fait entendre leurs voix. Magnifique catalogue dans lequel nous avons aussi découvert Ingrid Thobois et dont on sent que le travail des auteurs est respecté mais aussi interrogé. Nous sommes par conséquent très confiants et rassurons Grégoire sur la sortie du livre, dont on s’empresse de lire les épreuves destinées aux libraires avant la parution.

Ce roman, mi-chronique, mi-romance, se déroule autour d’une équipe de travailleurs en fast-food. Le sujet est intéressant mais présente quelques pièges : ne pas tomber dans le pamphlet ou dans la caricature. Grégoire les évite aisément. Il raconte cette histoire à hauteur d’homme à partir de sa propre expérience de trois ans dans une enseigne bien connue. Tout l’intérêt de la rencontre sera de décortiquer à la fois un système économique intraitable comme la sociologie mais aussi le caractère de chacun des équipiers et leur relation à ce monde. En excellent observateur, Grégoire Damon fait une chronique attachante et touchante d’un microcosme dont il est l’élément central puisque le narrateur.

Le pari est réussi donc et ce soir-là, après la rencontre, l’équipe au grand complet dîne à la crêperie d’à côté avec lui, y compris notre stagiaire en Master 1 de traduction qui commencera quelques semaines plus tard, celle de Fast-food en anglais. (Le titre ne change pas, c’est pratique !)